Qu’on vienne de la radio, de la tapisserie, du trading ou de la boulangerie.
Qu’on ait 2, 5, ou 15 ans d’expériences.
La reconversion fait qu’on redevient le petit nouveau, il faut l’accepter et à terme on n’est pas peu fier du chemin parcouru.

Je vous conseille cet album pour rendre cette lecture agréable :

Melodysheep - The Arrow of Time

On est bon ? Alors c’est parti.
Permettez-moi de faire des petits sauts dans le temps, ça va être rapide et ça sera en guise de présentation:

  • 2004 - J’ai 16 ans, j’apprends le mixage/mastering en trifouillant protools (Pas trop de tuto youtube à cette époque)

  • 2008 - Après le deuxième échec au BAC (Les études n’étaient pas ma tasse de thé, alors qu’aujourd’hui j’adore le thé.), j’entre dans une école audiovisuelle (ESRA/ISTS)

  • 2009 - Je vous passe les détails mais le fait que je n’ai pas le fameux bac m’empêche de continuer en fin de 1ère année.

  • 2009 - J’entre en école de radio (STUDEC)

  • 2013 - Producteur pour Chérie FM (Groupe NRJ)

  • 2017 - Formation, Le Wagon Paris

  • 2018 - Backend développeur pour Outscale (Dassault system)

Spoiler alert, il n’était pas du tout prévu que je sorte développeur de cette reconversion.
Avant de quitter mon boulot en radio je m’intérressais aux languages web html, css, javascript et deux, trois cms comme drupal, ou le bon vieux wordpress; afin de pouvoir réaliser et mettre en ligne des projets que j’avais en tête. Donc ce que j’aimais faire, c’était de tester des projets (plus ou moins foireux).

Puis arrive le projet qui me motive plus que d’autres et ma première erreur.

Décembre 2016 - Wetrip

Une rupture conventionnelle dans le sac à dos, on y va… L’objectif, monter ce projet.

Alors est-ce qu’avant de partir j’ai un MVP ? Non.
Une idée de la stack technique nécessaire ? Non.
Un marché ? Non.

Ouais c’est nimp. Mais je ne m’en rends pas compte, je suis content. Surtout con.
Ce sont des choses à faire avant de tout quitter, histoire d’avoir une idée de là où vous allez, un petit filet de sécurité.

Plusieurs mois passent… Je me forme à l’entreprenariat, je pivote afin de coller au marché que je cible et surtout pour avoir un business plan qui ne fasse pas trop peur niveau chiffre d’affaire. Je travail à rendre l’idée viable, scalable etc. Mais je ne m’intéresse toujours pas au côté technique. J’ai seulement une landing page et un beau logo. Haha.

Dans ma tête je comptais porter le projet, le présenter, entrer dans un incubateur et trouver un développeur sympathique qui serait tenter de me suivre puis réaliser tout le back, le front, l’infra etc. Un magicien sympa qui veut vivre de lignes de code et d’eau fraiche. Attendez, un dev c’est avant tout un passionné, okay ?

Avril 2017 - Product Manager

Je suis sur la route pour Lille afin de présenter tout ça devant un jury de via-ID.
Pour dire à quel point je suis un peu à la ramasse, je n’avais pas de présentation. Du coup, je me retrouve 30mn avant dans la voiture en train de bosser la présentation que m’avait faite ma copine à l’époque en ayant appris que j’y allais les mains dans les poches (Quand ta scolarité te rattrape. J’étais à deux doigts de leurs demander une copie double et un stylo).

La suite est logique, c’était de loin le meilleur pitch qu’ils aient vu de la journée…
Non, bien évidemment que non. Mais sur les phases de questions, j’étais là, je connaissais mon marché et mon produit.

Pas de surprise, je suis refusé. Cette expérience m’a fait prendre conscience que je voulais peut-être aller trop vite. Généralement lorsqu’on porte un projet, au-delà de l’idée, on vend une équipe où chacun amène une sécurité avec son parcours pour rassurer ceux qui parient sur toi. Moi je suis seul et je viens de radio.

Ok, alors il faut que je me crée une crédibilité sur le CV. Est-ce qu’il y a un métier qui peut m’apporter de l’expérience cohérente avec ce projet sans que ça prenne mille ans ?
Oui, product manager.

Juin 2017 - Le Wagon

C’est reparti, qu’est-ce qu’il faut pour être un bon PM ?
Je développe ma vision produit, je lis des bouquins sur l’UX/UI, je fais des MOOC. Il faut avoir une vision technique aussi: j’apprends Python, j’approfondi mes bases en html, css et javascript. Mais lorsque je vais chercher un emploi, le problème restera le même: je n’aurai toujours pas le bon CV.
Je postule pour Le Wagon. Ils t’apprennent à coder en gardant cette vision produit que j’affectionne particulièrement donc c’est parfait !

Le wagon est un bootcamp en 9 semaines qui survole de manière intensive les bases de programmation avant de partir sur un framework web, Ruby on Rails, qui permet d’avoir une bonne vision fullstack d’un projet.

Mon batch ne commence qu’en octobre, donc je vais utiliser cette periode pour continuer à approfondir ma stack technique, histoire de ne pas être le guignol de la classe !

La formation se passe très bien, c’est très intense comme prévu. On apprend beaucoup de choses, on se voit réaliser des choses formidables. Des petits programmes de gestion de stock, des démineurs… Hey mais le backend c’est bien chouette ?! Puis on passe au web, on crée des marketplaces, on apprend à manipuler une base de données, des API, etc. Wahou, mais le backend côté web, c’est bien coolos aussi ?! Durant ces 9 semaines, je ne pense plus qu’au code. Dans ma tête c’est la même sensation de liberté que lorsque j’ai eu mon permis. Je peux faire ce que je veux. Sky is the limit.
Ouais, enfin mes connaissances surtout.

Je rencontre des product managers qui sont venus se perfectionner côte technique, et plus ils me parlent du métier, moins j’ai l’impression que ce collera avec ma personalité. Merde, je suis là pour ça moi. Le développement ça me plait, mais je suis loin d’être le plus rapide lors des excercices; je ne comprends pas tout, voir completement perdu sur certains sujets qui parraissent limpides pour d’autres. Donc super réaction d’autodéfense de mon cerveau évolué, “Nique sa maman, on verra bien une fois que la formation sera finie, pour l’instant kiff”.

Super, ça, ça me plait.

Janvier 2018 - Le jour d’après

A la sortie du wagon, je suis tombé amoureux du développement. Je décide de focus sur ça, je veux devenir développeur.
Durant les 3 premiers mois qui ont suivis, je reviens sur les excercices qui étaient bloquant pour moi. Je vais plus loin sur des concepts fondamentaux qui sont nécessaires dans la besace d’un développeur web comme les tests ou les bases algorithmiques. Je vais plus loin en Javascript aussi. En gros, je regarde un peu ce qui va de paire avec Ruby on Rails dans les annonces de jobs, et je vais dans ce sens là.

Je passe en parrallèle des entretiens techniques qui m’aident à m’orienter sur mes faiblesses.

S’en suit donc de longs mois, où je vais de refus en refus.
“Arf, mais tu n’as pas fait d’école d’ingé ?”
“Tu n’as pas assez d’experience, désolé”
“Tu ne corresponds pas aux profils que l’on recherche”

La période n’est pas simple, le fil du chômage ne dure pas éternellement et tu penses simplement que tu es une merde. Que t’as quitté un job qui te faisais chier mais pas tant que ça peut-être au final…

Juin 2018 - Outscale

Puis parfois la routourne.
Une boite cherche un junior en Python, voir même quelqu’un à former de 0.
Dans cette boite il y a le frère d’un ami. Le bon tuyau.
Je suis en entretient assez rapidement, et bimbadaboom.
Je pose mes fesses sur la chaise qui me portera en dehors de la période d’essai.

Mon nouveau problème c’est que j’évolue avec des collègues qui sont tous ingénieurs, ont des doctorats, même les stagiaires sont beaucoup trop chauds. Je suis clairement le seul avec un parcours exotique.
Vous le voyez arriver le fameux “Moi, je ne suis qu’un imposteur dans tout ça”. Venez on parle production musicale, lä je sais plein de choses haha.

Finalement je finis par me dire que l’idée de base c’est d’apprendre en permanence, de m’améliorer et je suis dans un environnement parfait pour ça !
Voilà dans ce sens là, c’est plus sympa de prendre le problème.

Avril 2019 - La suite

Aujourd’hui j’ai toujours l’idée de réaliser un projet dans un coin de ma tête. Mais ce n’est plus une priorité. Un jour pourquoi pas.

Au final je suis passé d’une console à une autre et j’en suis pas peu fier !

Les échecs c’est cool parfois.

(Et je ne parle pas du jeu !)